Dans Casablanca, une ville de contrastes, moderne et archaïque, Kamel est un tueur à gages qui reçoit ses contrats par Internet. Après chaque exécution il appelle Souad, aide ménagère et prostituée occasionnelle, mais c’est souvent Kenza, l’amie de Souad qui décroche. Elle est agent de la circulation, et arrondit ses fins de mois en louant son téléphone portable. Tandis que Kamel tombe amoureux de cette voix et part à sa recherche, Souad tombe amoureuse d’un bel inconnu rencontré dans un bus. Pour corser l’affaire, Hicham, un hacker professionnel, infiltre par hasard les contrats de Kamel…
What a wonderful world, deuxième film du cinéaste marocain Faouzi Bensaïdi est à sa manière annonciateur de ce frémissement qui ne peut que nous réjouir des cinémas du Maghreb. S’inscrivant dans la parodie des films de James Bond, empruntant à la fois à Keaton et Elia Souleiman, Faouzi Bensaïdi nous parle de rêves brisés, de difficulté de vivre dans une grande métropole, d’amours urbains entre un tueur à gages et une fonctionnaire de police. La parodie est un exercice périlleux, très souvent le décalage en constitue une fin en soi. What a wonderful world, en dépit d’une exposition un peu poussive évite les écueils du genre, et réussit le tour de force de conjuguer distance et profondeur du propos. C’est ce regard distancié dicté par les canons du genre qui donne toute sa consistance à cette réflexion sur la solitude, sur le destin, sur la possibilité du rêve et sa négation, sur la déshumanisation des êtres dans les grandes métropoles sur cet ailleurs qui attire des jeunes sans présent ni avenir…
Ikbel Zalila ( Africiné )