La Méditerranée, espace d’échanges et de conflits entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient a vu se succéder les conquêtes, les croisades et les colonisations. Grecs, Romains, Arabes, Ottomans, Anglais et Français y ont installé leurs empires. Elle est aussi le berceau des trois religions monothéistes et reste aujourd’hui l’objet d’enjeux géopolitiques majeurs.
Colonies ou protectorats, les pays des empires coloniaux du Maghreb et du Proche-Orient ont depuis près de 50 ans gagné leurs indépendances. Le cinéma colonial, retranché derrière l’idéologie d’une "mission civilisatrice" et d’un orient imaginaire a, jusqu’à cette époque, totalement occulté les mobiles et la violence des pratiques coloniales. Les indépendances acquises, les cinéastes arabes investissent l’histoire coloniale, ses mobiles et ses violences, avec la volonté d’affirmer une identité nationale. Produits dans les années 1960-70, leurs films ont alors beaucoup circulé, avant d’être progressivement oubliés, comme en témoigne la disparition des copies de certains de ces films. L’exploration de cette époque et le récit des conflits résultants des partages nés de la colonisation, qui ensanglantent encore le Proche-Orient, n’ont cependant jamais cessé d’intéresser les cinéastes.
Les fictions que nous avons choisies de présenter donnent les points de vue de ces cinéastes sur la diversité des occupations et des mouvements de résistance, la question des identités nationales, les frustrations et les humiliations ressenties.