Edito

Pourquoi parler de « nouveaux cinémas arabes ? » Parce que la plupart des réalisateurs dont nous présentons les œuvres sont relativement peu connus et leurs films trop rarement distribués dans les salles européennes (quatre films sont totalement inédits). Mais aussi parce que certains réalisateurs n’hésitent pas à aborder de front et avec une grande liberté des thèmes politiques longtemps occultés ou jamais traités à travers la fiction.
Avec des moyens d’expression différents, ces films révèlent la difficulté à panser des plaies encore ouvertes : celles des blessures de l’histoire ou de l’actualité du monde arabe, celles de la relation inégale et complexe entre le nord et le sud de la Méditerranée.
Nous avons par ailleurs tenu à rendre hommage au producteur et ami du cinéma et de la culture arabe qu’était Humbert Balsan, disparu dans des conditions dramatiques en février 2005. Le film La Porte du Soleil, fresque de l’histoire palestinienne jamais projeté à Marseille et réalisé par Yousri Nasrallah d’après le roman de Elias Khoury, nous a engagés à inviter ce grand écrivain arabe pour évoquer son œuvre littéraire et cette expérience d’adaptation cinématographique.
Seul film de cette programmation dérogeant à la règle de la production récente, Le Destin de Youssef Chahine (1997) s’est imposé à nous tant par son thème que par son succès auprès du public, inquiet du développement de tous les intégrismes. Humbert Balsan et Youssef Chahine n’entretenaient-ils pas des liens d’amitié et d’estime réciproques basés sur la défense des valeurs essentielles que sont la tolérance et la libre pensée ?